Petite histoire de la TPV
 

En 1935, lorsque Pierre-Jules Boulanger et Pierre Michelin s'installent aux commandes de Citroën, le paysage automobile français se résume en un laconique constat : la voiture est un objet de luxe. Pourtant, la demande d'une voiturette populaire, simple et rustique et d'un prix abordable, même par les bourses les moins remplies, commence à faire son chemin dans les esprits, depuis déjà quelques années...
Il faudra attendre 1936, année de commercialisation en France de la Fiat Topolino et de l'instauration des congés payés, pour voir les patrons français se remuer. Renault contre-attaque immédiatement avec sa Juvaquatre, Peugeot avec sa 202. Mais Citroën ???
Officiellement, rien. Et pourtant, Boulanger a déjà réfléchi au problème. La légende raconte que, pris dans un embouteillage de charrettes se rendant au marché, il a constaté que la seule voiture présente dans les environs était la sienne : aucun véhicule n'était adapté à un usage campagnard ! Dés son arrivée chez Citroën il a demandé : "Faites étudier (...) une voiture pouvant transporter 2 cultivateurs en sabots, 50 kilos de pommes de terre ou un tonnelet à une vitesse de 60 km/h pour une consommation de 3 litres aux 100." Il poursuit : " En outre, ce véhicule doit pouvoir passer dans les plus mauvais chemins, (...) être suffisamment léger pour être manié sans problème par une conductrice débutante. Son confort doit être irréprochable car les paniers d'oeufs transportés à l'arrière doivent arriver intacts malgré les ornières. Son prix devra être bien inférieur à celui de notre Traction Avant et, enfin, je vous précise que son esthétique m'importe peu." Ce cahier des charges fait hurler de rire André Lefèbvre, le "mécano" et Flaminio Bertoni , le styliste talentueux. Mais on ne discute pas les idées de Boulanger.
André Lefèbvre charge Jacques Duclos de réaliser une enquête sur le terrain pour connaître les besoins de cette hypothétique et future clientèle. Plus de 10.000 questionnaires seront étudiés, classés et répertoriés pour aboutir à la première grande étude marketing et offrir de premières bases utiles de réflexion.

Lefèbvre sort une idée à la minute et il faut canaliser son imagination débordante. La TPV ( Toute Petite Voiture ) doit-elle être toute alu ou en tôle façon Junker allemand ( ondulée pour une meilleure rigidité ) ? Doit-on étudier une monocoque, façon Traction, ou faut-il revenir au châssis traditionnel ? Le moteur doit-il avoir 1, 2 ou 4 cylindres ? Toutes les solutions sont étudiées avec le même sérieux, dans une totale liberté, impensable aujourd'hui.

Cette page fait partie d'un ensemble : Les filles de Forest